POLIR SA PIERRE ou AVEC LE TEMPS

Marbre blanc de Naxos (Naxos crystallina) taillé, teint par capillarité avec de la rouille ramassée dans le paysage,
de l’eau de mer et des citrons de l’île
24 x 19 x 40 cm
2022

Cette pièce est réalisée lors de ma résidence à la Chapelle Saint-Antoine, sur l’île de Naxos dans les Cyclades. Mon projet consiste à n’emporter aucun outil ni matériau pour créer à partir de ce.ux que je rencontre sur place.

Je découvre que l’île est en grande partie constituée de marbre blanc (Naxos Crystallina) et récupère deux blocs de ce marbre.

Le premier ramassé dans le paysage est destiné à former le socle, il reste à l’état brut.
J’y creuse une encoche pour insérer et maintenir en équilibre le second bloc, qui lui est trouvé dans la chapelle. Ce dernier est affiné pour révéler la qualité exceptionnelle du marbre : ses cristaux et sa transparence. Je le teins ensuite par capillarité avec un bain de rouille, extrait du paysage, en mélangeant de l’eau de mer et du citron. La sculpture devient alors une métaphore du temps. La couleur de la rouille reflète l’effet du temps sur une surface exposée aux éléments, tandis que la teinture par capillarité illustre le mouvement du temps, qui s’infiltre et s’imprègne.

Le titre, « Polir sa pierre », établit un lien direct entre la réalisation de la sculpture et l’expression imagée qui rappelle que notre propre matière, celle du corps et de l’esprit, est aussi façonnée par le temps et notre environnement. Avec le temps, nous polissons nos angles, affinons nos pensées, aiguisons notre regard. Le temps blanchit nos cheveux, creuse des rides sur notre peau et nous transforme, tout comme la pierre.

Cette œuvre repose sur des gestes symboliques : dévoiler l’intérieur d’un bloc brut pour révéler ses merveilles cachées, et purifier le paysage en transformant la pollution en couleur.