Ici, l’étang qui s’étire nonchalamment. Là, le ventre rondouillard qu’une colline offre aux nuages. Un peu plus loin encore, le cours tranquille d’une rivière qui, chatouillée par les galets, pépie sous le toit des arbres. Pour Giulia Zanvit, diplômée de l'ESBA - MO.CO de Montpellier, un morceau de nature peut servir de thème à toute une vie. C’est un peu son panthéon. Sa lecture des éléments qui l’entourent est presque animiste. Elle est de ces artistes qui se bercent des lueurs d’un coucher de soleil, de la cadence de leurs reflets sur l’eau. De ceux aussi, qui aiment prendre le temps. Elle contemple, ressent et crée. Les trois actions sont si bien mêlées qu’elle réalise désormais des installations in situ. Touche à tout, et foncièrement curieuse, Giulia Zanvit dessine, peint, sculpte et construit. Ses créations très diverses suivent toutes un même fil rouge : la cueillette, le recyclage et le réemploie. Elle prend un peu à la nature, sans l’abîmer jamais, pour la montrer sous un angle nouveau. Résolument, elle expérimente : les pigments sont ces fleurs, ces pierres qu’elle a glanées dans la forêt ou sur la plage. Les matériaux qui font le corps de ses œuvres sont aussi cueillis au fil de ses promenades. Et elle nous invite à apprécier les racines profondes de l’Homme à travers son art : bien ancrées dans la terre, enfouies dans une nature qu’à tort on peut renier. C’est son instinct, happé par les beautés diverses des choses naturelles, par leur harmonie, leur équilibre, qui guide son œil puis sa main. Dans ses ouvrages, l’art ancestral qui s'unit étroitement aux éléments organiques, côtoie un renouvellement. C’est que l’artiste confond son langage avec celui de la nature. Elle l’illustre autrement à travers les symboles et les tournures poétiques. Ainsi, elle développe des images qu’elle a perçues depuis toujours autour d’elle, quand, dans la maison familiale lovée au cœur des Cévennes, elle considérait l’expression des châtaigniers, ou celle des chênes. Il y a aussi celles qu’elle a appris à lire. Apprendre, justement. Voilà le cœur de son projet, apprendre à créer avec la nature, sans autre artifice que celui de sa main qui assemble. Sa démarche empirique et spontanée est semblable à celle d’un enfant qui s’émerveille et qui expérimente. Tout en adoptant une attitude cérémonieuse, pluriséculaire, faite de rituels cultivant la précision, elle préserve la fraîcheur, la candeur de l'enfance.

— Méghane Mathieu, rédactrice chez Zone Critique

Photographie : Ykwis